Préface
Pour apprécier à leur juste valeur
ces simples méditations et leurs illustrations souvent étranges,
il faut avoir vu le Sadhou ou tout au moins avoir lu son intéressante
biographie. Ascète oriental, vêtu de la robe de safran et
vivant tels les moines des temps anciens, de ce qu'on voulait bien lui
donner, cet homme a réussi comme aucun autre avant lui, à
convaincre les Hindous d'écouter le message de Jésus-Christ.
J'occupais la chaise présidentielle
lorsque le Sadhou vint à la Maison de paroisse parler au clergé
du diocèse de Londres et je fus fortement impressionné par
son extérieur remarquable ainsi que par la simplicité et
la puissance surnaturelle de sa parole.
Il faut se rappeler que cet homme a souffert
pour sa foi la persécution et supporté des maux de tout genre
; il a vécu au milieu d'animaux sauvages, il a été
enterré vivant et pourtant malgré toutes ces épreuves,
il a conservé le calme inaltérable de la foi qui se retrouve
au travers de tous les chapitres de ce petit livre.
A.-F. LONDON
Fulhain, Palace S.-W.
Avant-propos
Dans ce petit livre, j'ai noté quelques
méditations sur différents aspects de notre vie spirituelle.
J'ai examiné quelques-unes des difficultés que rencontre
tout homme de Dieu à mesure qu'il passe par les différentes
étapes de son développement religieux.
Il est probable que tous mes lecteurs ne seront
pas d'accord avec moi sur quelques-unes des questions que je traite. Il
serait étrange qu'ils le fussent, car, comme il est impossible de
rencontrer deux hommes exactement identiques quant à leur stature
et à leur apparence, comme tous ne jouissent pas d'une ouïe
et d'une vue de force égale, ainsi la compréhension des vérités
spirituelles ne peut pas être une. Cette compréhension, en
effet, dépend du tempérament, des expériences et des
perspectives spirituelles de chaque individu. Mais si ces méditations
révèlent quelques différences de compréhension
et d'interprétation, elles ne porteront probablement jamais sur
des principes fondamentaux, mais toujours sur des questions de détails,
non essentielles. Cela est très naturel, car Dieu en révélant
Sa volonté, tient compte de l'état spirituel et des capacités
de chaque individu auquel il se fait connaître. C'est pour cette
raison que ce qui paraît à l'un une innovation semble suranné
à tel autre.
De plus, il arrive à plusieurs de ne
pouvoir saisir la signification de tels faits révélés
par Dieu à un homne vivant en Sa communion, éclairé
par Lui. Sans avoir eu l'occasion de faire eux-mêmes l'expérience
de Dieu, ils se font les champions de doctrines sur Dieu et se battent
pour de la balle comme des chiens se battent pour des os desséchés.
Mais ceux qui ont goûté une fois
de l'union avec Dieu et de sa communion et se sont élevés
au-dessus de ces querelles sans profit, sortent du trésor de leurs
expériences personnelles des choses nouvelles et des choses vieilles
qu'ils apportent en témoignage, sans se demander un instant si d'autres
seront d'accord avec eux ou non.
Je tiens à remercier très sincèrement
le Rev. F. E. Riddle qui m'a aidé à traduire ce livre d'Ourdou
en Anglais, ainsi que Miss E. Sanders, qui m'a été d'un grand
secours pour lire et corriger les épreuves.
Soubathou, Simla Hills, août 1925.
SUNDAR SINGH.
CHAPITRE PREMIER
Seul avec le Maître
1. Ce n'était pas seulement pour leur
procurer du repos que le Maître emmena ses trois disciples préférés
sur le sommet de la montagne, c'était avant tout pour leur donner
comme une vision de la réalité de la gloire de sa nature
divine. Jusqu'à ce moment-là, le contact journalier qu'avaient
eu ces trois hommes avec Jésus leur avait été une
préparation à cette révélation. Témoins
de ses miracles, ils avaient entendu les paroles merveilleuses que personne
n'avait prononcées avant lui, mais il fallait davantage encore pour
les courber dans l'adoration et dans un étonnement qui touchait
à l'ahurissement. Il leur était absolument nécessaire
d'abandonner leurs occupations quotidiennes pour contempler dans la calme
solitude de la montagne la gloire transcendante de la personnalité
divine du Christ. Mais cette transfiguration physique n'aurait pas suffi
à conduire les disciples au but que s'était proposé
le Christ, il fallait que leurs yeux spirituels fussent ouverts. Sinon
ils n'auraient pas été plus capables de contempler la face
du Christ que de discerner la présence de Moïse et d'Élie.
Leurs oreilles durent aussi être ouvertes, sans cela il ne leur eût
pas été possible d'entendre ces hommes s'entretenir du «
départ que le Christ allait accomplir à Jérusalem
, ni de percevoir la voix de Dieu elle-même disant: « Celui-ci
est mon Fils élu, écoutez le. » (Luc IX, 28 à
36.)
Dieu s'est fait homme en Christ. Il nous Parle
par Lui et nous devons Le suivre dans l'obéissance sans nous demander
comment et pourquoi. Mais ne l'oublions pas, il nous est impossible d'entendre
sa douce voix tant que nous n'avons pas fermé nos oreilles aux voix
du monde qui nous distrait. Nous ne pouvons pas non plus Le rencontrer
et entrer en communion avec Lui tant que nous ne le désirons pas
de tout notre coeur. Si nous ne nous taisons pas nous-mêmes. nous
ne pouvons entendre ce que d'autres disent et même pour les comprendre
parfaitement il est nécessaire que nous leur donnions toute notre
attention. De même, pour percevoir la voix de notre Père Céleste,
il est de toute nécessité que nous gardions le silence devant
Lui, tout notre esprit et tout notre coeur fixés sur Lui, car Il
continue à ne se révéler qu'à ceux qui le cherchent
diligemment. Alors, ceux qui le chercheront ainsi le trouveront et ils
auront le privilège de jouir de la communion des saints comme il
arriva aux trois apôtres qui, grâce au Christ, jouirent encore
de la communion avec Moïse et ÉLie.
2. Mais il ne faudrait pas rechercher cette
communion simplement parce que c'est un moyen d'avancer dans le monde,
à l'instar des deux disciples qui demandaient au Christ le privilège
d'être placés à Sa droite et à Sa gauche quand
il reviendrait pour régner dans son royaume (Marc X, 35 à
37.)
Comparez cette attitude avec celle de Marie
qui ne pensait pas à occuper une position élevée auprès
du trône de son Roi, mais qui se contentait de s'asseoir aux pieds
du Seigneur pour écouter ses paroles divines. Elle choisit la bonne
part qui ne lui fut point ôtée. (Luc X, -39 à 42.)
3. Dans la méditation Dieu parle à
nos coeurs, mais pas par le moyen de mots. Si nous Lui apportons humblement
nos coeurs, Il nous donnera la plénitude que procure le sentiment
de Sa présence. Comme la source remplit jusqu'à le faire
déborder le récipient placé au-dessous d'elle, ainsi
l'esprit et la vraie paix de Dieu remplissent le coeur de celui qui s'abaisse
pour les recevoir.
Hugo a dit : « Le chemin pour monter
à Dieu est de descendre en soi-même. » Ainsi parle le
Très Haut dont la demeure est éternelle et dont le nom est
saint : « J'habite dans les lieux élevés et dans la
sainteté, mais je suis avec l'homme contrit et humilié. »
(Esaïe 57, 15.)
Hylton a écrit : « Christ est
perdu comme la pièce de monnaie dans la parabole, mais où
est-Il perdu ? Dans ta maison, c'est-à-dire dans ton âme.
Tu n'as pas besoin. de courir à Rome ou à Jérusalem
pour Le chercher, Il dort dans ton coeur, comme Il dormait dans la barque.
Réveille-Le avec le cri de ton désir ; quoiqu'il en soit,
je crois que pour Lui tu es plus souvent endormi que Lui pour toi. »
Après être montés dans
la solitude de la montagne de la prière et après l'avoir
rencontré là, nous n'avons pas la permission de perdre notre
temps comme les disciples le faisaient en ébauchant des plans pour
la construction de trois huttes. Non, notre devoir est de retourner dans
le monde des hommes et d'y porter la puissance nouvelle que. nous avons
reçue afin d'accomplir l'oeuvre qui nous est demandée.
CHAPITRE II
L'homme a une soif intense de Dieu
1. Nous savons par expérience combien
grand est le désir de nos coeurs de trouver Dieu. Comme le cerf
brame après le courant des eaux, ainsi notre âme soupire après
Dieu et ne connaît pas le repos jusqu'à ce qu'elle L'ait trouvé.
Bien que l'homme s'efforce de toutes sortes de manières de satisfaire
le désir ardent qui étreint son coeur, il n'en reste pas
moins que ce désir ne peut être satisfait que le jour où
il rencontre Dieu. La satisfaction complète ne se trouve qu'en Celui
qui a créé le coeur et ses désirs. Homère a
dit : « Comme les jeunes oisillons ouvrent leurs becs pour recevoir
leur nourriture, ainsi tous les hommes soupirent après les dieux
! »
Un jour que j'étais en voyage dans les
montagnes, je m'assis un instant sur un rocher. Au-dessous de moi se trouvait
un buisson dans lequel des oiseaux avaient bâti leur nid. De ce nid
me parvenaient les cris (les oisillons et bientôt je vis la mère
apporter de la nourriture à ses petits. Sitôt que ceux-ci
percevaient le bruit des ailes de leur mère, ils se mettaient à
piailler tandis qu'en son absence ils restaient parfaitement silencieux.
Attiré par ce spectacle, je m'approchai du nid et je découvris
que ces oisillons étaient encore si jeunes que leurs yeux n'étaient
pas encore ouverts. Ils n'avaient donc pas besoin de voir leur mère
pour ouvrir le bec à son approche. Si doués de raison, ils
avaient pensé : « Nous n'ouvrirons notre bec que lorsque nous
verrons notre mère ou notre nourriture, car nous ne savons pas si
l'oiseau qui s'approche de nous est notre mère ou notre ennemi et
s'Il nous apporte de la nourriture ou du poison », ils seraient morts
de faim.
Nous qui nous nommons les plus nobles de toutes
les créatures, ne sommes-nous pas au contraire inférieurs
aux petits habitants des nids, car souvent nous doutons de l'existence
et de l'amour de notre Père Céleste. Jésus a dit :
« Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui cependant ont cru. »
(Jean XX, 29.) Nous qui ouvrons nos coeurs à Dieu, nous recevons
de Lui une nourriture spirituelles qui nous permet d'atteindre avec le
temps notre plein développement, aussi lorsque nous Le verrons face
à face, serons-nous heureux en Sa présence éternellement.
2. On raconte qu'un sage rencontra, un jour,
sur son chemin, trois hommes. Le premier de ces hommes était pâle,
décharné et semblait craintif. Le sage lui demanda : «
Comment se fait-il que tu te trouves dans cet état lamentable ?
» - « Ce qui me trouble, répondit l'homme, c'est la
pensée que je pourrais aller en enfer. » - « N'est-il
pas triste, répliqua le sage, qu'au lieu de la crainte, de Dieu
qui est le commencement de la sagesse, tu aies la crainte d'une chose créée,
le feu de l'enfer. Ton culte n'est pas selon la vérité. Tes
actes de piété ne sont qu'une sorte de marché. Tu
donnes quelque chose dans l'espoir d'éviter le feu de l'enfer. »
Le second homme rencontré par le sage
était assis, en proie à la douleur et à l'anxiété.
Le sage lui demanda : « Pourquoi es-tu ainsi triste et rempli de
douleur ? » - « J'ai peur, répondit celui-ci, de ne
pas avoir part à la joie et au repos du ciel.» - « C'est
une honte, répliqua le sage, que vous cessiez de penser au Créateur
et à Son merveilleux amour pour vous contenter de l'adorer dans
l'unique désir de gagner le ciel qui a été créé
par Dieu. »
Après cet entretien, le sage rencontra
un troisième pèlerin. Celui-ci paraissait content et joyeux.
« Quelle est la raison de ta joie et de ta paix? » lui demanda-t-il.
- « Ma prière constante à Celui qui m'a enseigné
à adorer Dieu en esprit et en vérité, fut la réponse,
est qu'Il me donne de l'aimer de tout mon coeur et de toute mon âme
afin que je puisse Le servir par amour. Si je l'adorais par peur de l'enfer,
que j'y tombe, ou si je le servais pour gagner le ciel, qu'Il m'en tienne
éloigné, mais si je le sers en vérité par amour,
puisse-t-Il se révéler à moi afin que mon coeur tout
entier soit rempli de Son amour et de Sa présence!»
3. Si au lieu de chercher Dieu, nous mettons
notre coeur à chercher les choses qu'Il a créées et
si nous voulons obtenir des avantages matériels, c'est que nous
avons abandonné le Créateur. Or, le temps viendra où
nous devrons abandonner les choses créées ; alors, il ne
nous restera plus rien que nos vies inutiles et souillées par le
péché. Si nous détournons nos coeurs de toutes les
choses matérielles pour nous tourner vers Dieu, alors toutes choses
nous seront données avec Lui. L'homme du monde qui, au lieu de chercher
Dieu, se cherche lui-même, découvrira un jour qu'il ne lui
reste rien que sa punition et une vie sans bénédiction. En
se cherchant lui-même, l'homme ne trouve pas Dieu et ne se trouve
pas lui-même, il perd tout.
CHAPITRE III
Peut-on connaître Dieu?
1. Les athées nient l'existence de Dieu,
mais aucun d'eux n'est capable de prouver qu'il n'y a pas de Dieu. Si pendant
un moment nous admettions que l'opinion, l'hypothèse des athées
est vraie, cela ajouterait seulement une nouvelle preuve de leur ignorance,
plutôt que d'ajouter quoi que ce soit à leur sagesse et à
la vérité qu'ils croient posséder. En effet, s'il
n'y a pas de Dieu comme ils le prétendent, il est vain de perdre
son temps à en établir la preuve. Perdre de cette manière
le temps qui pourrait être employé utilement n'est que folie.
Si Dieu existe, comme tous les hommes éclairés spirituellement
le croient, alors c'est une plus grande folie encore que de chercher à
prouver que le Créateur et Père de l'univers n'existe pas.
« L'insensé dit en son cSur, il n'y a point de Dieu.»
(Psaume XIV, 1.) L'auteur d'une pareille assertion ne prouve pas du tout
l'inexistence de Dieu, mais il manifeste sa propre cécité
spirituelle et son incapacité de connaître Dieu. Il ressemble
à un faible insecte qui essaierait, au moyen de sa propre raison
de nier l'existence du soleil. Ses arguments n'auraient de valeur pour
personne, sauf pour ceux qui sont nés aveugles.
On pourrait peut-être objecter que si
par notre foi en une personne ou en une chose nous répandons des
superstitions nuisibles, il est de notre devoir d'essayer de les éliminer.
Mais la foi en Dieu s'est-elle jamais révélée nuisible
pour qui que ce soit ? Certes pas. Au contraire, des bénédictions
sans nombre ont découlé de la crainte de Dieu et de l'amour
pour Lui et ont enrichi la vie spirituelle des croyants. Il ne peut pas
y avoir de plus grande folie que d'écrire ou de parler contre la.
source de toute vie, car en le faisant. non seulement nous déshonorons
Dieu et péchons contre Lui, mais nous privons d'autres personnes
de la connaissance de la vrai nature de Dieu et nous les entraînons
avec nous à la destruction.
2. Les agnostiques ne croient pas plus en l'existence
de Dieu qu'ils ne la nient. Ils disent: nous ne savons et nous ne pouvons
pas connaître l'absolu. C'est une erreur, car chacun de nos désirs
nous est donné dans un but spécial. Ainsi le désir
de croire en Dieu n'a pu prendre naissance que parce que Dieu existe véritablement
et qu'Il est capable de satisfaire ce désir.
Bien que l'enfant reçoive la vie de
sa mère, il a une existence à lui. Selon sa faiblesse, il
aime sa mère tendrement, mais il ne l'aime et ne la connaît
pas aussi bien qu'elle ne l'aime et ne le connaît. A mesure qu'il
se développe, l'enfant devient capable de mieux connaître
sa mère, de jouir plus complètement de sa société
et de mieux l'aimer. De même, notre connaissance serait infinie si
nous devions connaître le Dieu infini, mais cela ne veut pas dire
que nous le connaîtrons jamais. Nous pouvons dire, au contraire,
qu'à toutes les phases de notre développement il nous est
possible d'apprendre à connaître un peu mieux et de jouir
plus profondément de Sa présence qui procure la vie. Pour
le présent est-il nécessaire d'en savoir plus que cela ?
Non, certes, car aussi longtemps que nous croîtrons spirituellement,
nous apprendrons à Le connaître de plus en plus. Il n'y a
aucune raison pour nous d'être impatients si dans notre, présente
condition nous n'arrivons pas à Le comprendre parfaitement. Souvenons-nous
qu'un temps infini, l'éternité, est à notre disposition
pour apprendre à connaître le Dieu infini. Si nous marchons
en nous éclairant de la lumière que nous possédons,
cela nous suffit présentement pour apprendre à Le connaître
d'une manière qui réponde parfaitement aux besoins de la
phase où nous ont conduits nos progrès.
3. S'il était nécessaire pour
nous de connaître Dieu parfaitement dans notre situation présente,
Dieu Lui-même aurait pourvu à la satisfaction de ce besoin.
Dieu donne tout ce qui est bon et utile afin qu'aucun besoin présent
de Ses créatures ne reste inassouvi. Mais nous croyons aussi que
son dessein est de nous pousser à persévérer dans
nos efforts pour Le connaître de mieux en mieux, car Il sait qu'iI
nous est plus profitable d'arriver à Le connaître par nous-mêmes,
poussés par des intérêts pressants plutôt que
de recevoir de Lui une connaissance toute faite. Marcel dit : « Ce
qu'un étudiant découvre par un effort intellectuel il le
sait mieux que tout ce qui peut lui avoir été enseigné.
Nous ne pouvons acquérir qu'une connaissance partielle de quelle
chose que ce soit et nous ne la connaissons réellement telle qu'elle
est que pour autant que nous l'avons pensée à fond dans notre
esprit. » Celui qui connaîtrait avant de croire n'atteindrait
jamais une connaissance véritable ! je parle d'une certaine vérité
qu'il est possible de connaître par expérience, mais en laquelle
vous devez croire avant de la connaître par expérience, sans
quoi vous n'arriverez jamais à la connaître véritablement.
» (Theologica Germanica.)
Quelques philosophes déclarent que Dieu
ne peut pas être connu. Cette assertion est un non-sens, car la seule
connaissance qu'Il est inconnaissable est basée sur une conclusion
de la connaissance limitée qu'ils ont de Lui. Si Dieu est trop grand
pour notre connaissance, comment la connaissance qu'Il est inconnaissable
est-elle venue à nous ? L'existence de la connaissance est en fait
affirmée dans l'acte même de sa négation.
4. Tout à fait en dehors de notre connaissance
de l'existence de Dieu, ce que nous savons des choses les plus insignifiantes
qu'Il a créées est également très fragmentaire
; nous connaissons peut-être quelques-uns de leurs caractères
extérieurs, mais nous ne savons rien de leur vraie vie intérieure.
En fait nous ne savons à peu près rien de nous-mêmes
et si un homme pouvait obtenir la pleine connaissance de sa propre existence,
alors il n'y aurait que peu de difficultés à connaître
Dieu à l'image duquel il a été fait. La relation entre
Dieu et l'homme est telle que pour connaître l'un il est nécessaire
de connaître l'autre. « Nous ne pouvons connaître que
ce qui nous est apparenté. » Aussi l'homme ne pourrait aspirer
à connaître Dieu s'il n'avait pas été créé
à l'image de Dieu. Quelqu'un a dit : « Il est prouvé
que Dieu ne peut être connu que de Dieu. » Dieu s'est fait
homme afin qu'Il puisse dépouiller l'homme de sa nature déchue
et rétablir en lui sa vraie nature. (Psaume 82, 6.) Athanase a dit:
« Il est devenu homme afin que nous devenions Dieu. »
Dieu a élevé les hommes au-dessus
de leur état de déchéance et en a fait ses messagers
et des flammes de feu. (Hébreux 1, 7.) Dieu est esprit et feu (Matt.
III, 11.) Devenir de petites flammes de feu signifie devenir semblable
à Dieu parce que la « plus petite flamme a toutes les qualités
du feu ». Mais cela ne veut pas dire que Dieu et l'homme sont un
seul esprit comme le soutiennent les panthéistes et les philosophes
qui prétendent que « les diverses âmes ou personnes
sont de simples manifestations fragmentaires de l'absolu. » L'union
de Dieu avec Sa créature allant jusqu'à la disparition complète
de cette dernière, n'étanche pas la soif intense de l'âme,
tandis que nous trouvons un bonheur réel et éternel dans
Sa connaissance et dans une vie de communion avec Lui.
5. Dieu ne décourage aucun de ceux qui
cherchent la vérité en lui disant qu'il est dans l'erreur
ou que sa foi est fausse, mais Il arrange les choses de telle manière
que l'homme lui-même apprenne peu à peu à distinguer
ses erreurs et à reconnaître la vérité. On raconte,
l'histoire d'un pauvre homme qui trouva une pierre merveilleuse en coupant
de l'herbe dans la jungle. Il avait souvent entendu parler de diamants
et immédiatement il pensa, en voyant cette jolie pierre, qu'elle
devait en être un. Il porta donc sa trouvaille à la bijouterie
et, plein de joie, la montra au joaillier. Ce dernier, qui était
bon et bienveillant, se rendit compte immédiatement que s'il disait
au pauvre homme que sa pierre n'était pas un diamant, celui-ci ne
le croirait pas ou qu'alors il en éprouverait un très grand
chagrin. Le marchand préféra recourir à un autre moyen,
c'est-à-dire à amener son visiteur à découvrir
par lui-même sa propre erreur. Il l'engagea dans son atelier et le
garda jusqu'à ce que le possesseur de la pierre fut capable de distinguer
les différentes variétés de diamants et leurs prix.
Quand il jugea le moment venu, le joaillier demanda à son ouvrier
d'apporter sa pierre. Le pauvre homme avait soigneusement tenu cachée
sa trouvaille dans une boîte. Il l'y prit et vit avec tristesse qu'elle
n'avait aucune valeur. Il pâlit et tomba aux pieds de son charitable
maître en lui disant . « je vous suis très reconnaissant
de votre bonté et de votre sympathie ; vous n'avez pas détruit
mon espérance, mais vous avez élaboré un plain qui
m'a permis de découvrir moi-même mon erreur. Dès à
présent, je n'ai qu'un désir, celui de rester auprès
d'un tel maître et de passer la fin de mes jours à votre service.
» C'est ainsi que Dieu ramène à la vérité
ceux qui se sont égarés dans l'erreur afin qu'ils apprennent
à connaître la vérité par eux-mêmes et
décident de Le suivre, consacrant leur vie entière à
son service.
6. Il y a des gens qui sont assez sots et ignorants
pour s'imaginer qu'ils font à Dieu ou à ses ministres une
grande faveur lorsqu'ils se rendent au temple pour le culte. Ceux qui vont
au culte dominés par de pareils sentiments ne peuvent pas apprécier
la vraie nature de Dieu ils sont semblables à ces mendiants de profession
insensés qui ignorent le motif de, celui qui leur donne du pain
pour calmer leur faim. Un effet, au lieu d'être reconnaissants envers
celui qui les nourrit, Ils s'imaginent lui avoir fait une grande faveur
en lui donnant l'occasion d'ajouter un mérite à la longue
liste de tous ceux qu'ils se sont acquis en faisant des aumônes aux
pauvres. Ces mendiants sans intelligence ne pensent pas au bienfait qu'ils
ont reçu et n'ont pas l'idée qu'ils devraient être
reconnaissants de tout leur cSur envers celui qui est venu à leur
aide.
7. Le Créateur a donné à
l'homme l'intelligence, les sentiments, la volonté. Pour obtenir
la force de servir Dieu un homme doit mastiquer ses aliments spirituels
avec les dents de l'intelligence, mais au lieu de faire un bon usage de
sa puissance spirituelle, souvent il la perd en vaine spéculation.
Un chien ronge parfois l'os sec qu'il a trouvé jusqu'à en
avoir la bouche déchirée ; alors son os prend le goût
du sang et pendant un certain temps le chien continue à le ronger
avec plaisir, ne se doutant pas qu'il boit son propre sang. De même,
l'homme gaspille les dons de l'intelligence que Dieu lui a confiés
en de vaines spéculations. Des besoins spirituels ont été
donnés à l'homme afin qu'il puisse réaliser la présence
de Dieu et en jouir, mais par l'influence endurcissante de la désobéissance
et du péché, l'homme perd la faculté de percevoir
Dieu et la capacité de jouir de Sa présence. De tels hommes
ne voient pas plus loin que leur propre personne et n'ont plus la possibilité
de réaliser la présence de Dieu, tellement que leurs expériences
viennent confirmer en eux le doute au sujet de la personne de Dieu. De
la même manière, si la volonté de l'homme suit un chemin
opposé à la volonté de Dieu, cette volonté
devient l'esclave du péché et conduit au suicide spirituel.
8. L'eau d'une rivière, coule à
travers bien des pays avant de retourner à la mer de laquelle elle
a été originairement tirée. Elle passe sur le territoire
de bien des États, de bien des rajahs et de bien des princes, et
nul n'est capable de la retenir parce qu'elle n'appartient à personne,
c'est la commune propriété de tous et partout où elle
passe cette eau étanche la soif de tous ceux qui sont altérés.
De même le fleuve de l'eau de la vie vient de l'Océan infini
de Dieu et, traversant les canaux divins que sont les prophètes
et les apôtres, irrigue le monde entier, étanchant la soif
de tous, enrichissant et rendant féconde la vie de tous les peuples
et de toutes les nations. « Que celui qui en veut prenne de l'eau
de la vie gratuitement. » (Apocalypse XXII, 17.)
CHAPITRE IV
Douleur et souffrance
1. Dans le monde il y a des douleurs spirituelles
comme il y a des douleurs physiques. La douleur spirituelle est le résultat
du péché et de la séparation d'avec Dieu, tandis que
la douleur physique provient de maladies ou de lésions. Tontes les
créatures vivantes souffrent en proportion du développement
de leurs organes de perception, mais pas au même degré que
l'homme dont les sentiments et la puissance intellectuelle supérieure
ajoutent immensément à sa sensibilité et à
sa capacité de souffrir. Nous en trouvons la preuve dans le fait
que chaque fois que l'homme s'imagine avoir des douleurs, ses souffrances
réelles en sont d'autant augmentées.
En général, les dents, les crocs
des bêtes de proie et les becs des oiseaux sont formés de
telle manière qu'il est à peu près impossible à
leurs victimes de s'en échapper. C'est grâce à cela
que la proie est tuée immédiatement, sans douleur excessive.
Les souffrances qui résulteraient de ses blessures si elle arrivait
à s'échapper mortellement atteinte, lui sont ainsi épargnées.
De même, le poison des serpents et des insectes venimeux entrant
dans le sang, provoque un engourdissement si profond que la mort s'ensuit
sans douleur. Ainsi dans la nature, à part des circonstances extraordinaires,
la mort se produit le plus souvent sans grandes douleurs parce qu'à
ce moment les victimes sont rendues à demi-inconscientes soit par
l'effet du poison, soit par l'effet du choc ou des blessures,. Bref, l'état
de ceux qui ont été la proie des bêtes féroces
ou malfaisantes est généralement moins misérable que
nous ne nous l'imaginons souvent. Mais la douleur et la souffrance résultant
d'un mal physique ou spirituel provoquent une vraie agonie.
2. La douleur et la souffrance sont souvent
nécessaires pour nous faire croître, et progresser dans la
vie spirituelle. Nous ne croyons donc pas que la volonté de Dieu
soit que nous lui échappions toujours. Bien des choses qui paraissent
à notre palais mauvaises et amères nous sont d'une grande
utilité. Nous pourrions peut-être aller plus loin et prétendre
que tout poison et toutes les choses amères et désagréables
au goût agissent comme un remède ou un spécifique dans
une maladie ou dans une autre. Nous les appelons faussement poison parce
que nous en ignorons la propriété médicinale réelle.
car, ne l'oublions pas, Dieu a créé toutes choses pour l'accomplissement
de ses desseins. Tout ce qui a donc été, créé
par Dieu l'a été d'une manière propre à remplir
sa mission, mais à cause de notre ignorance de leur vrai usage et
de leur application nous nous en servons d'une manière qui nous
est nuisible. De tout ce que Dieu a créé il n'est aucune
chose qui en elle-même soit mauvaise ou nuisible, aucune dont l'usage
propre fasse du mal aux créatures de Dieu. De même toute douleur
et toute souffrance est un moyen pour développer et approfondir
notre vie spirituelle (Romains VIII, 18).
Les conséquences empoisonnées
et nocives de la douleur dans nos vies ne se produisent que lorsqu'elles
sont la suite d'un mauvais usage de la puissance et des facultés
que Dieu nous a données, tout particulièrement le fruit de
la désobéissance.
3. La douleur et la souffrance ne sont pas
seulement un moyen efficace de réveiller l'homme et de lui révéler
son état spirituel. Non, elles sont aussi profitables à tous
ceux qui viennent en aide à l'homme dans ses tribulations, car cela
leur donne l'occasion d'exercer les qualités distinctives qui leur
sont nécessaires pour croître dans la perfection. la réelle
victoire n'est donc pas d'être épargné par la douleur
et la souffrance, par la mort et le mal, mais c'est, par la grâce
de Dieu, de transformer la douleur en bien-être, la croix et la mort
en vie et le mal en bien. C'est pour ce seul but que nous sommes jetés
dans la guerre et dans la mêlée, car « c'est par plusieurs
tribulations que nous devons entrer dans le royaume de Dieu » (Actes
XIV,22 ». La valeur du bien-être ne peut pas être justement
appréciée avant que nous ayons fait connaissance avec la
douleur, pas plus qu'il n'est possible de connaître ce qui est doux
avant d'avoir goûté aux choses amères. Il n'est pas
non plus possible de jouir du bien avant d'avoir vu le mal, d'apprécier
la vie avant d'avoir passé par la mort. Pour toutes ces raisons
nous croyons que Dieu, avant de nous faire entrer avec Lui dans son royaume
pour jouir éternellement de Sa présence, a voulu nous faire
passer au travers de toutes les expériences de cette vie présente
afin de nous donner une leçon pour l'éternité.
4. La formation de la perle cause de grandes
souffrances à l'huître perlière. « Lorsque la
mère de la perle ou de la nacre est torturée par l'intrusion
d'un organisme vivant, d'un parasite qui la fore, d'un ver ou d'un petit
poisson, ou encore d'un grain de sable, ou de quelque autre substance inorganique
dont elle ne peut se libérer, elle neutralise l'objet qui l'irrite
et le convertit en un objet de beauté. » La perle est le produit
de la douleur et de la souffrance mais son lustre peut être détruit
lorsqu'elle est traitée avec négligence. Son charme, dû
aux jeux de la lumière, peut disparaître lorsqu'elle est souillée
par des taches de graisse ou d'encre, par exemple. On trouve dans de très
anciennes tombes, des perles (lui ont été déposées
avec les cadavres, mais voici qu'elles aussi se sont décomposées
et leur poussière s'est mélangée avec celle des morts.
Ainsi, semblable à la perle née de la douleur, la vie spirituelle
ne peut embellir que par la douleur et par la souffrance. Même plus
tard, à moins de rester attachés à notre Seigneur
dans l'humilité par les liens de l'amour ainsi que par la reconnaissance
de nos coeurs, nous courrons toujours le risque de perdre le lustre, la
beauté que nous a conférés la souffrance et de tomber
de l'état d'élévation auquel la douleur nous avait
conduits (1 Cor. V, 12). Il est donc bien nécessaire de toujours
veiller et prier.
5. Comme les diamants et d'autres pierres précieuses
mettent des centaines et des milliers d'années à se former,
comme ils doivent être comprimés, pressurés dans les
laboratoires de la nature avant d'atteindre leur perfection de beauté,
ainsi nous aussi nous devons passer par la douleur et la souffrance avant
d'être parfaits. Les chimistes peuvent fabriquer des diamants et
d'autres pierres précieuses, mais lorsqu'on les examine avec soin,
on découvre bientôt les défauts de ces faux diamants.
De même, il ne nous est pas possible d'atteindre en un seul jour
un état de perfection qui ne laisserait subsister aucun défaut
en nous. Non, ce n'est qu'en vivant continuellement en la présence
de notre Père Céleste et encore aussi près que possible
de Lui, que nous deviendrons parfaits comme Il est parfait Lui-même.
6. La tempête avec sa pluie trop violente
et son vent dévastateur nous paraît avant tout destructive
et pourtant, en réalité, c'est une bénédiction
déguisée, car elle emporte les germes morbides de la peste
et de toutes sortes de maladies, elle nous apporte la santé. De
la même manière, le vent du Saint-Esprit (Jean III, 8 ) et
le choc de la tempête de la douleur et de la souffrance nous apportent
santé spirituelle et bénédiction.
La chaleur du soleil fait monter de la terre
la vapeur qui forme les nuages qui procurent à la terre la pluie
qui l'arrose et la fertilise. De la même manière, le soleil
de justice nous apporte la vie en faisant couler dans notre vie spirituelle
ses fleuves d'eau de la vie.
7. Un grand nombre de gens ignorent que les
désirs intenses du coeur ne peuvent être satisfaits dans ce
monde et dans l'autre que par Dieu seul. Quelques-uns d'entre eux - aussi
bien les philosophes que les êtres immoraux et les criminels - ont
essayé de trouver ailleurs le bonheur, mais n'y étant pas
arrivés, ils sont tombés dans le désespoir et ont
essayé, en se donnant la mort, de mettre un terme à leur
angoisse. A l'autre extrémité, nous voyons les vrais croyants
chrétiens. Ils ont beaucoup à souffrir dans ce monde parce
que plus ils progressent dans leur vie spirituelle, plus grandes sont les
difficultés qu'ils rencontrent. L'homme porté aux choses
de ce monde n'arrive pas à comprendre cela, aussi, au lieu d'accorder
son aide aux croyants, il s'oppose à eux et souvent il les persécute.
Pourtant les chrétiens ne sont pas réduits au désespoir
et au suicide parce que dans l'acte même de leur renoncement aux
ambitions de ce monde, ils trouvent la paix dans la communion avec Dieu.
Toutefois, bien que l'homme ne trouve qu'en Dieu la satisfaction de ses
désirs les plus profonds, il a également soif de l'amitié
et de la sympathie de ses semblables. Lorsque cet instinct qui pousse l'homme
vers les autres hommes, lui faisant désirer d'entretenir avec eux
des relations sociales,n'est pas satisfait. le Christ, Lui, Dieu et homme,
satisfait ce désir tout autant qu'Il répond à ses
besoins spirituels. la compréhension de Christ pour les difficultés
et les souffrances de l'homme ne lui vient pas uniquement de sa nature
divine, elle est également le fruit de ses expérience personnelle.
Ayant souffert comme un homme, il est capable de comprendre parfaitement
et de donner une aide parfaite à tous les fils des hommes qui sont
angoissés.
8. Dans ce monde, beaucoup de chrétiens
souffrent ( 2 Thimothée II, 12) parce qu'ils sont incompris de ceux
qui sont incapables d'apprécier la vérité comme eux.
La nature de ces derniers est comme brisée par la trame du péché
et leur discernement spirituel en a été émoussé.
Quand ils rencontrent un homme de bien, ils réalisent immédiatement
qu'il y a incompatibilité entre leurs natures. Instinctivement,
ils prennent une attitude d'opposition à l'égard du croyant.
Au contraire, l'homme à qui son intuition et sa conscience ont révélé
Dieu, entrant en contact avec quelqu'un dont les dispositions sont semblables
aux siennes, reconnaît immédiatement en lui la vie divine
et se sent attiré vers lui.
La véritable vie chrétienne
est semblable au bois de santal qui sans jamais faire de mal à la
hache qui le coupe, lui donne au contraire son parfum. L'avertissement
de Dieu à Henry Suso : « Tu souffriras publiquement la perte
de ton bon renom et partout où tu chercheras l'amour et la fidélité,
tu ne trouveras que tromperie et souffrance », a été
répété à toute une multitude de chrétiens
qui ont dû faire, eux aussi, la même expérience. Dans
ce monde où tous les saints prophètes, les apôtres
et même le Seigneur Lui-même ont souffert, personne ne peut
échapper à la souffrance. Cela ne pourrait arriver qu'en
reniant la vérité, en détournant sa face de Dieu et
faisant alliance avec le monde. D'autre part, le Seigneur nous accorde
un grand privilège en nous faisant l'honneur d'avoir « part
à la communion de Ses souffrances » (Phil. III, 10 ). Enfin,
lorsque le temps fixé sera venu, celui qui aura participé
aux souffrances de son Seigneur, entrera dans la gloire éternelle
et régnera avec Lui (2 Timothée II, 12).
9. Avant de toucher le but qui nous est proposé,
nous devons passer à travers la douleur, la souffrance et la tentation.
Toutes ces étapes sont nécessaires au développement
de notre vie spirituelle et concourent à notre bien futur. Voilà
pourquoi c'est la volonté de Dieu que nous les traversions toutes.
Si tel n'avait pas été le plan de Dieu pour nous, Dieu ne
nous aurait pas demandé d'expérimenter ces choses. mais s'Il
le veut, qui sommes-nous pour nous opposer à Lui ? Il ne nous reste
rien à dire ; nous devons accepter joyeusement tout ce qui nous
arrive et ne jamais permettre que le moindre doute s'enracine dans nos
coeurs. En le permettant nous élèverions une barrière
entre Dieu et nous, détruirions notre capacité de réaliser
Sa présence et nous nous priverions de Sa communion.
Tant que nous serons dans ce monde nous aurons
à supporter la douleur et la souffrance. L'abeille n'amasse pas
seulement du miel, elle a aussi un aiguillon qui a sa fonction particulière.
Les épines n'ont pas été placées sans raison
autour de la belle rose parfumée. L'écharde dans la chair,
dont parle Paul, lui a été donnée pour l'accomplissement
de quelque plan grand et sage. Il est absolument nécessaire, croyons-nous,
que nous passions par des temps d'épreuves pour que nous puissions
parvenir an but éternel pour lequel nous avons été
créés.
CHAPITRE V
Opposition et critique
Si les hommes ne nous comprennent pas et critiquent
nos bonnes intentions ou s'ils s'opposent à nous et nous persécutent
à cause de malentendus, il n'y a pas lieu de nous en étonner
comme d'une chose nouvelle. Il y a toute une multitude de gens qui ne connaissent
pas la raison pour laquelle ils ont été placés sur
cette terre ; s'ils le savaient, ils ne perdraient pas leur temps à
s'ingérer dans les affaires des autres. Ceux qui comprennent le
plan de Dieu dans leur vie ne cessent de travailler à l'accomplissement
de la tâche qui leur a été proposée. Ils sont
indifférents à tout ce que les gens pensent et disent à
leur sujet, car le Dieu auquel ils auront à rendre compte connaît
leurs bonnes intentions, les maintient dans son amour et les réconforte.
Pourquoi devrions-nous être troublés par l'opposition que
nous rencontrons lorsque nous savons que notre Créateur et Seigneur
connaît nos pensées et qu'un jour Il les révélera.
Quand un homme arrive dans un pays étranger,
les habitants le regardent avec étonnement et les chiens aboient
après lui. Le vrai chrétien n'appartenant pas à ce
monde se regarde comme un pèlerin et un étranger (Jean 17,
14 - Hébreux XI, 13). Il n'y a donc rien de surprenant et de décourageant
si un chien de ce monde le prenant pour un étranger, aboie contre
lui et peut-être même le déchire (Matthieu VII, 6).
Un proverbe dit : « Les chiens aboient, mais la caravane avance.
» Ce qui signifie que les chiens suivent quelque temps la caravane
en aboyant, puis ils s'en détournent, mais cela n'empêche
pas la caravane d'avancer et de poursuivre son chemin de sorte que tôt
ou tard elle atteindra sa destination.
2. Jamais une tâche n'a été
confiée à des critiques hostiles à la vérité.
Peut-être qu'un jour ces critiques avaient été chargés
d'une mission, mais ils en ont été déchargés
à cause de leur incapacité à la remplir. Lorsque l'oeuvre
de Dieu leur a été reprise, ils se trouvèrent sans
occupation. Pour procurer du travail à leurs mains inactives, peut-être
se sont-ils amusés à jeter des pierres à ceux qui
travaillaient à l'oeuvre de Dieu. Mais une chose est certaine, Satan
les trouvant inoccupés leur confia une mission.
Il est évident qu'un homme jouissant
de la vue doit se tirer de côté lorsqu'il rencontre un aveugle
cherchant son chemin à tâtons. Celui qui voit doit tout faire
pour éviter de heurter l'aveugle, si malgré cela l'aveugle
accidentellement heurte l'homme qui voit, ce dernier ne doit pas s'en offenser,
mais au contraire tendre une main secourable au malheureux. S'il s'en impatiente,
il se montre plus aveugle que l'aveugle lui-même, car son manque
de sens commun et de sympathie témoigne d'une cécité
absolue. De même, si quelqu'un nous persécute parce que nous
suivons la vérité, loin de nous en offenser, nous devrions
lui pardonner et prier pour lui(Matthieu V,44,45). Si malgré cela
notre adversaire n'abandonne pas son animosité, nous ne perdons
rien parce que, nous avons agi pour l'amour de Celui qui est la vérité,
de Celui qui nous a donné la vue et qui est lui-même notre
part et notre récompense.
3. Dans les régions polaires, les ours
ainsi que d'autres animaux se suralimentent en été et amassent
dans leur corps des réserves de graisse. L'hiver venu, lorsque pendant
des mois la nourriture leur fait défaut, ces animaux vivent de la
graisse qu'ils ont emmagasinée. De même par la prière,
nous faisons provision d'aliments spirituels et de forces divines qui nous
maintiennent forts et inébranlables au temps de la persécution.
Quand nous voyons (Actes III,15) que l'opposition à l'égard
de notre Seigneur s'est développée au point qu'on l'a cloué
sur la Croix, qui sommes-nous pour reculer devant la persécution
? « Il vint chez les siens, mais les siens ne l'ont point reçu
» (Jean I, 11).
Un marchand se rendit dans un pays étranger
; peu après son départ, sa femme donna naissance à
un fils, puis elle mourut. De temps à autre le marchand envoyait
de l'argent à ses parents pour l'entretien de l'enfant. Bien des
années plus tard, alors que le fils était devenu un homme,
son père revint de nuit et frappant à la porte, le réveilla.
En voyant cet étranger, le jeune homme pensant avoir à faire
à un voleur lui parla rudement. Le marchand essaya d'expliquer à
son fils qu'il était son père, mais le jeune homme ne le
connaissait pas et n'avait aucune expérience de son amour. Dans
son ignorance, il frappa le voyageur, le blessa et le livra à la
police. Le lendemain une enquête fut faite et elle établit
que le voyageur attardé qui avait été pris pour un
voleur, était bien le père resté si longtemps absent.
En voyant son erreur, le jeune homme fut rempli de regrets. Il se frappa
la poitrine, pleura, demanda pardon, promettant qu'à l'avenir il
ne manquerait jamais de servir son père dans l'obéissance
la plus complète. Cet incident se termina à la confusion
du jeune homme honteux d'avoir manqué de respect à son père.
Parmi nous, il y a des centaines, des milliers d'hommes qui, en ce moment
même n'éprouvent aucun repentir de la manière dont
ils traitent leur Père Céleste ; ils ne se lèvent
pas pour retourner à Lui. Soyons affligés de l'endurcissement
de ces coeurs et demandons à Dieu qu'Il veuille bien se révéler
Lui-même à eux dans Sa Grâce.
4. Beaucoup ne découvrent jamais leurs
propres défaillances et leurs manquements, et sont toujours à
la recherche des fautes d'autrui. L'oeil qui voit les choses extérieures
ne se voit pas lui-même et ne remarque pas ses défauts. Ainsi
les adversaires de la vérité voient tout à l'exception
de leurs propres fautes. Lorsque nous nous regardons dans un miroir, l'oeil
se voit et distingue ses défauts, ainsi en vivant dans la communion
de la « parole faite chair » et en examinant nos vies à
la lumière de la parole écrite de Dieu, nous pouvons nous
connaître nous-même parfaitement. Plus que cela, Christ ne
se contentera pas de nous montrer notre état de péché,
mais Il se révélera encore à nous dans Sa puissance
de guérison et de salut. Si nous nous tournons vers Lui, obéissants
et persévérants dans la prière, vivant en Sa sainte
communion, Il fera disparaître nos imperfections et nous transformera
à son image glorieuse afin que durant toute l'éternité
nous ayons part à sa gloire (Jean XIV, 26 et XVII,. 24).
CHAPITRE VI
Qu'est-ce que le mal ?
1. « Le mal est contre nature, il est
en contradiction avec la loi de notre être » (Whichcote).
« Tout mal est accompli en vue d'obtenir quelques
biens; personne ne fait le mal pour faire le mal.»
Aucun homme sensé, ayant les yeux ouverts,
ne cherche à se faire du mal à lui-même si mauvais
et perverti soit-il. Le mal n'est pas un attribut inhérent à
quelle créature de Dieu que ce soit. Le mal détruit l'homme.
Son effet empoisonné travaille à la destruction des hommes,
mais à la fin, il se détruira lui-même pour l'éternité.
La permanence éternelle est intimement unie à la bonté
qui est un des attributs du Dieu éternel. Si le mal était
l'attribut d'un être éternel, il pourrait lui aussi être
éternel. Si nous disons que le mal est un attribut de Satan, cela
est faux, car Satan lui-même a été créé
innocent et sa condition de méchanceté présente ne
lui est venue que par l'exercice de la liberté. Ainsi puisque le
mal n'est pas éternel - ayant eu un commencement, il doit avoir
aussi une fin - nous devons en conclure que le mal cessera, et nous pouvons
d'autant mieux dire cela qu'il est « self destructif » par
définition.
2. Un philosophe chinois, Chu-Fu-Tsu, a écrit
qu'« à sa naissance l'homme est semblable à une source
d'eau claire qui dans sa course à travers montagnes et plaines,
entraîne terre et boue et souille sa propre clarté ; mais
si ce cours d'eau est endigué en un certain endroit, la terre et
la boue tombent au fond de son lit et son eau devient de nouveau claire
». Mencius a dit: « L'esprit est semblable à un grain
de blé qui, par nature, n'est pas mauvais, mais lorsqu'il est semé
il devient dépendant du terrain, de l'eau, de l'engrais et de toutes
les conditions de son milieu. En d'autres termes, l'homme est bon par nature
et par naissance, mais son milieu le rend mauvais. »
Vues d'un certain angle, ces assertions paraissent
justes, mais nous ne pouvons cependant nier l'infection héréditaire
du péché qui se révèle dans l'attrait que nous
éprouvons pour le mal. Examinons un instant le cas des enfants que
nous disons innocents. Herbert Spencer a dit : « L'idée populaire
que les enfants sont innocents est juste au point de vue de la connaissance
du mal, mais elle est absolument fausse en ce qui concerne les impulsions
mauvaises. Une demi-heure d'observation dans la chambre de jeux des enfants
fournira la preuve de ce que j'avance. »
3. Quand l'âme d'un homme est affamée
et assoiffée et que dans son ignorance il essaie de se satisfaire
lui-même en commettant le péché, il ne réussit,
en désobéissant à Dieu, qu'à faire disparaître
son appétit spirituel et à se détruire lui-même,
sans obtenir la satisfaction qu'il recherche. Un jour, dans l'Himalaya,
un voyageur affamé trouva un fruit magnifique qui le tenta. Il le
mangea avec avidité, Mais, hélas ! c'était un poison
qui provoqua la mort de celui qui avait cherché lui-même à
soulager sa faim. Sans le vouloir, cet homme mit fin pour toujours au besoin
qui le tourmentait.
4. Toute blessure et toute maladie provoquent
un combat dans le corps entre les différents microbes qui sont la
cause de la santé ou de la maladie. Ce sont ceux qui se multiplient
et se développent le plus rapidement qui gagnent la bataille. Si
les germes de la maladie sont battus, la santé du corps est assurée.
De même, dans le conflit entre les bonnes et les mauvaises pensées
qui sont en l'homme, si dans les heures de tentation les premières
sont victorieuses des dernières, le résultat est la santé
spirituelle et la vraie joie.
Le temps viendra sûrement où,
par la grâce de Dieu, les hommes remporteront une victoire absolue
et éternelle sur le péché, et le péché
sera effacé pour toujours.
CHAPITRE VII
L'effet des mauvaises pensées et mauvaises vies
1. Les suggestions ou les mauvaises pensées
d'un méchant compagnon sont semblables à la piqûre
d'un insecte dans une feuille de chêne. Cette piqûre provoque
la naissance d'une noix de galle lorsque la feuille est arrivée
à maturité. Un serpent ne se fait pas de mal à lui-même
en s'inoculant son propre poison, mais d'autres créatures inoffensives
en sont affectées. Ainsi, un homme porté au mal a déjà
le poison du péché en lui, de sorte que l'influence empoisonnée
du méchant lui fait moins de mal qu'à un homme bien disposé.
2. L'upas de l'arbre antjar ou anchar de Java
ou le lierre empoisonné d'Amérique produisent une sorte d'huile
ou de suc nocifs qui, emportés par le vent, propagent des maladies
dangereuses et des épidémies dévastatrices dans les
pays situés dans le rayon d'action de ces poisons. Ainsi, sans qu'on
s'en rende compte, l'effet mauvais et empoisonné de la vie d'hommes
méchants se répand autour d'eux, provoquant chez beaucoup
des maladies spirituelles et la mort.
3. On a observé que les insectes qui
percent les troncs les plus épais et les vers marins qui perforent
les pierres, sont extrêmement mous et délicats ; pourtant
avec le temps, ils détruisent entièrement le bois le plus
dur ainsi que les pierres. De même, si nous ne veillons pas et si,
avec le secours de Dieu, nous ne chassons pas les mauvaises pensées
et les mauvaises habitudes qui souvent nous semblent peu importantes, elles
rongent notre vie spirituelle au point de n'en laisser que l'apparence.
Les reptiles et les insectes nuisibles comme les serpents venimeux et les
scorpions, attaquent et blessent, injectant dans les blessures qu'ils ont
faites le poison sécrété par leurs glandes, causant
ainsi la souffrance et la mort. Les mouches et la vermine ne sont pas tenues
pour aussi dangereuses. alors qu'en réalité, elles provoquent
la mort en transmettant les germes de maladies qu'elles répandent
partout. De même, nous ne rangeons pas au nombre des criminels dangereux
des hommes qui, pourtant, sans qu'on le remarque, sont tout aussi redoutables,
car ils propagent autour d'eux, avec leur langue qui n'a pas été
bridée, le poison de doctrines morbides.
4. Certains insectes réussissent à
se percer un chemin dans un fruit encore vert où ils déposent
leurs oeufs. A mesure que le fruit se développe, le trou se referme
à l'extérieur. Les oeufs éclosent et les petites chenilles
se mettent à manger le fruit. A l'extérieur il n'en paraît
rien, le fruit semble mûr, il est tentant, mais à l'intérieur
il est vide et n'a aucune valeur. De même, les idées et les
habitudes coupables que nous contractons dans notre enfance et dans notre
jeunesse se développent progressivement et produisent au plus profond
de notre âme la corruption de notre nature morale. 1l est donc absolument
nécessaire que dès notre plus tendre enfance nous soyons
sur nos gardes à l'égard du péché qui déprave
notre nature.
5. Au Mexique, il existe un sorte de fève
nommée le grain dansant. Dès que les rayons du soleil la
touchent, elle commence à se tordre et à tourner jusqu'à
ce qu'elle trouve l'ombre d'une pierre ou d'un buisson. Cet étrange
phénomène s'explique par la présence d'un insecte
qui s'est introduit dans la fève, s'en est nourri et n'en a laissé
que la cosse. Lorsque la chaleur du soleil l'atteint, l'insecte s'efforce
de sortir de la fève et tourne continuellement dans la cosse jusqu'à
ce qu'ayant atteint l'ombre, la fraîcheur met un terme à son
agitation. De la même manière, lorsque des pensées
et des désirs mauvais entrent dans le cSur de l'homme et que le
soleil de justice répand sa lumière sur la vie impure d'un
pécheur, celui-ci est troublé et cherche à se réfugier
dans les ténèbres où les rayons divins ne luisent
pas , ainsi il vit dans les ténèbres du dehors et ne jouit
plus de la lumière et de la chaleur divines.
6. Dieu ayant fait l'homme à sa propre
image, il n'y a rien qui puisse gêner celui-ci s'il remplit cette
seule condition que, dans l'usage de sa libre volonté, il ne tombe
dans le péché. Nous ne faisons aucun tort à Dieu en
péchant, mais nous nous en faisons à nous-mêmes et
à ceux qui nous sont apparentés. Le Dieu d'amour désire
que nous soyons sauvés du péché sous toutes ses formes
afin que nous puissions jouir de sa communion. Le péché nous
exclut de cette sainte union avec Dieu. Entre individus, les relations
sont si étroites que le mal dont nous souffrons fait souffrir les
autres et le mal des autres nous fait souffrir. Il n'a jamais été
et il ne sera jamais possible de commettre le mal sans que d'autres en
souffrent. A un degré quelconque les hommes sont affectés
par le bien ou le mal que nous faisons, c'est pourquoi le résultat
de la repentance doit être de nous amener à nous abstenir
d'actes nuisibles à nous et aux autres par le secours et la grâce
de Dieu, de faire comme Zachée, qui répara le mal qu'il pouvait
avoir commis (Luc XIX, 8 à 10).
CHAPITRE VIII.
La vie en Christ
1. La vie est dans le sang, aussi en versant
son sang pour nous, Christ nous donne-t-Il la vie. Comme un sérum
est souvent employé dans le traitement des maladies, ainsi en nous
donnant son sang, le Christ nous guérit de la maladie meurtrière
du péché et de la mort.
Le monde entier forme un corps dont tous les membres sont unis de sorte
que si l'un d'eux souffre, le corps entier en est affecté. Le sérum
n'est injecté qu'à un seul endroit, mais le corps tout entier
en ressent les effets.
De même, bien que Christ ait été crucifié
sur la terre,qui n'est qu'une partie de l'univers connu et inconnu, sa
mort affecte l'univers entier. Bien qu'Il n'ait été crucifié
qu'en un seul endroit, Jérusalem, le monde entier jouit des fruits
de son sacrifice. Comme l'esprit est à l'oeuvre dans le corps tout
entier, de même Dieu est présent dans l'univers tout entier.
Saint Bonaventure écrivait, en parlant de l'influence exercée
par le Christ: « Son centre est partout, mais il n'est circonscrit
par rien.
2. Christ. a été traité
comme un pécheur à cause de nous, c'est pourquoi Il mourut
de la mort du pécheur. On raconte l'histoire d'un homme de bien
qui s'en alla vivre au milieu d'une bande de malfaiteurs afin de les sauver
de leur mauvaise vie. Ceux qui ne le connaissaient pas pensèrent
que cet homme de Dieu faisait partie de la bande, aussi lorsqu'un grand
crime fut commis, le soupçonna-t-on d'avoir trempé dans l'affaire.
Il fut arrêté, jugé, condamné. Mais il apprit
avec joie sa condamnation à mort. Les membres de la bande sachant
que l'homme de Dieu était innocent, furent si affectés par
la nouvelle de son exécution qu'ils abandonnèrent leurs mauvaises
actions et leurs chemins ténébreux. Jésus agit de
cette manière. Sa puissance est toujours à l'oeuvre. Lorsque
les pécheurs font l'expérience de Son merveilleux amour,
ils se repentent et Lui donnent leurs coeurs. Il arrache le mal de leurs
âmes, les fait participer à une vie nouvelle et les modèle
à Sa ressemblance.
3. En 1921, un incendie éclata dans
une forêt de l'Himalaya. Pendant que la plupart des gens étaient
occupés à l'éteindre, je vis plusieurs homme arrêtés.
Ils avaient abandonné leur travail pour contempler quelque chose
au haut d'un arbre. je leur demandai ce qu'ils regardaient. Ils me montrèrent
alors un nid rempli d'oisillons et les branches de l'arbre étaient
déjà en feu. Au-dessus du nid voletait un oiseau en proie
à une grande angoisse. Les témoins de ce drame disaient :
« Combien nous aimerions sauver ce nid, mais cela est impossible.
Le feu est trop intense pour que nous puissions nous en approcher.»
je restai là à regarder, impuissant comme les autres spectateurs,
et bientôt je vis le nid entouré de flammes prendre feu à
son tour. je pensais que la mère oiseau allait s'envoler. Mais non,
au contraire, elle se précipita dans les flammes, étendit
ses ailes sur ses petits pour les protéger et, en un instant, elle
fut réduite en cendres, victime de son amour. Je n'avais jamais
rien vu de semblable, aussi me tournant vers ceux qui regardaient, je leur
dis :« Cet amour merveilleux nous étonne, mais pensez que
s'il nous est donné d'être les témoins d'un tel dévouement
chez une si petite créature, combien plus grands seront l'amour
et le dévouement que nous rencontrerons chez le Créateur
d'un être capable de s'oublier aussi parfaitement. Le même
amour infini L'a amené à quitter le ciel pour prendre la
forme humaine et pour donner sa vie afin de nous sauver et de nous préserver
de mourir dans nos péchés. »
4. La preuve de la réalité du
don de Christ est apportée par les expériences d'une multitude
de croyants. Tout chrétien expérimenté témoigne
de la nécessité qu'il y a pour chacun de nous de réaliser
la présence du Christ, seul capable de communiquer la plénitude
de la vie.
En 1922, alors que je voyageais en Palestine
avec un ami, j'allai voir le puits de Jacob et je m'y rafraîchis
et m'y désaltérai de sa bonne eau fraîche. Une ou deux
heures plus tard, j'eus de nouveau soif ; les paroles du Sauveur se présentèrent
alors à mon esprit avec une force toute particulière: «
Quiconque boit de cette eau aura encore soif, mais celui qui boira de l'eau
que je lui donnerai n'aura plus jamais soif et l'eau que je lui donnerai
deviendra en lui une source d'eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle
(Jean IV, 13, 14).
Après m'être désaltéré
au puits de Jacob, j'eus de nouveau soif, mais je peux dire en toute humilité
et avec reconnaissance que depuis vingt ans que j'ai donné mon coeur
à Jésus et que j'ai bu de l'eau qu'Il m'a donnée,
mon âme n'a jamais été altérée, car Il
est bien la source de la vie.
5. Le Dr Parker, en parlant de l'Esprit et
de la Vie qui se trouvent dans la personne et dans les paroles du Christ
(Jean VI, 63), a dit : « Mesurez la doctrine religieuse de Jésus
au moyen de celle du temps et du lieu où Il vivait ou au moyen de
celle de n'importe quel temps ou de n'importe quel lieu. Considérez
quelle oeuvre ses paroles et ses actions ont accomplie dans le monde. Souvenez-vous
que les plus grands esprits, les coeurs les plus riches ne se sont pas
proposé de but plus élevé, n'ont pas eu de méthodes
plus vraies que les siennes et cela, grâce à Son amour parfait
pour Dieu et les hommes. Devons-nous nous laisser dire qu'un tel homme
n'a jamais vécu, que toute son histoire est fausse ? Supposez que
Platon et Newton n'aient pas existé. Mais alors qui a accompli leurs
oeuvres merveilleuses et quel est l'auteur de leurs pensées ? Quel
est l'homme qui pourrait avoir inventé un Jésus ? Personne
d'autre que Jésus lui-même. »
Une pure morale philosophique comme la métaphysique,
l'intellectualisme et la civilisation sont bien impuissants dans la lutte
contre le péché et les passions. Si la grâce et la
puissance de Dieu ne nous sont pas communiquées, alors une éducation
et une culture mondaines, au lieu de nous venir en aide ne serviront qu'à
imaginer de nouveaux moyens et de nouvelles méthodes de commettre
le péché et ne serviront qu'à nous détruire
les uns les autres. Ainsi donc, afin que nous soyons sauvés de la
puissance du péché et de ses conséquences, il est
de toute nécessité que nous nous placions entre les mains
du Christ qui donne un salut complet et gratuit.
CHAPITRE IX
La victoire divine
1. « Nous sommes forcés, par la
constitution de notre intelligence, de croire en l'existence d'un être
infini et absolu. » (Mensel).
Comme il y a du feu dans une pierre à
feu, ainsi il y a dans le coeur de l'homme une soif intense de communion
avec Dieu. Ce désir peut rester caché sous l'enveloppe dure
de la pierre du péché et de l'ignorance. Mais au contact
d'un homme de Dieu ou de l'Esprit de Dieu, ce désir prend feu comme
le fait la pierre à feu lorsqu'elle est frappée par l'acier.
Il y a dans toute âme humaine une aspiration
qui ne peut être satisfaite dans ce monde et dans l'autre que par
Dieu Lui-même. C'est pourquoi lorsque l'homme fatigué d'être
agité par ses passions, se repent à la fin, c'est à
Dieu qu'il retourne.
2. Dieu ne désire pas que nous cherchions
des preuves de son existence à l'aide de notre esprit borné.
Si tel avait été son désir, Il ne serait pas resté
Lui-même silencieux. Même en ce moment, s'Il le voulait, Il
serait capable de nous donner des preuves éclatantes de son existence
qui dépasseraient tout ce que nous pouvons imaginer. Mais, Sa volonté
est autre. Il veut que son peuple, après avoir fait l'expérience
de Sa douce et vivifiante présence, Lui rende témoignage,
car l'expérience personnelle a une force de conviction beaucoup
plus profonde que toutes les preuves tirées de la raison.
Aucun homme n'a vu ni entendu Dieu ainsi qu'Il
est en Lui-même, bien qu'Il ait parlé dans tous les âges
par la bouche de Ses Prophètes, de Ses apôtres et, dans les
derniers temps, par Son Fils (Hébreux I, 1, 2). Comme Philon l'a
dit : « La voix humaine a été faite pour être
entendue, mais la voix de Dieu a été faite pour être
vue. Ce que Dieu dit, Il l'exprime par des actes et non par des paroles.
Cela veut dire qu'Il parle par le moyen du livre de la nature et par Sa
création tout entière, malheureusement les hommes ne se donnent
pas la peine de lire eux-mêmes ce livre. Herbert Spencer a écrit
: « Il est triste de voir les hommes s'occuper de choses sans importance,
tandis qu'ils restent indifférents au plus grand des phénomènes,
ne cherchent pas à comprendre l'architecture des cieux et passent
indifférent à côté du plus grand poème
écrit par le doigt de Dieu sur la face de la terre. »
3. Lorsqu'un idolâtre éprouve
une certaine paix en adorant une pierre, cela ne veut pas dire qu'il y
ait une puissance de consolation dans la pierre. Et pourtant, pour quelques-uns,
cette pierre peut être un moyen de concentrer leur pensée
sur Dieu, et Dieu leur donne une consolation selon la mesure de leur foi.
Mais cela ne va pas sans dangers. L'idolâtre risque bien d'être
entravé dans ses progrès spirituels par l'influence de son
milieu et de devenir semblable à la pierre inanimée. Il sera
alors incapable de découvrir son Créateur, qui seul pourrait
satisfaire les besoins de son coeur. Une pierre dérobe le Créateur
aux yeux de Sa créature.
4. Quelque mauvais que soit un homme et quelque
corrompue que soit sa vie, il y a en lui une étincelle, un élément
qui n'éprouve aucun attrait pour le péché. Sa conscience
et ses sentiments spirituels peuvent être émoussés,
mourir même, cette étincelle divine ne s'éteint jamais.
Voilà pourquoi même chez les plus grands criminels il est
toujours possible de découvrir quelque chose de bon. On a remarqué
que certains homme, auteurs de crimes particulièrement sauvages,
ont aidé généralement des pauvres et des opprimés.
Si l'étincelle ou l'élément divin qui est en nous
ne peut être détruit, nous ne devons pas désespérer
de quel pécheur que ce soit. Si nous affirmons que cette étincelle
peut s'éteindre, alors il ne sera plus possible de souffrir de la
séparation d'avec Dieu et du remords, car pour éprouver des
regrets et souffrir du remords, il faut que cette étincelle existe.
L'enfer sans ces souffrances n'est plus l'enfer. Mais si ces souffrances
naissent, si elles tourmentent un homme, une fois, tôt ou tard, elles
forceront cet homme à se tourner vers Dieu pour en être accueilli.
5. L'homme est un être libre qui, par
un mauvais usage de sa liberté, peut se faire un grand tort et en
causer aux autres. Mais il ne peut pas se détruire lui-même,
ni faire disparaître l'étincelle divine qui est en lui. Le
Créateur seul a ce pouvoir et la volonté du Créateur
n'est pas de détruire ce qu'Il a créé, sans cela Il
ne l'aurait pas créé. En détruisant Il montrerait
qu'en créant Il a agi sans penser au résultat de son acte
ou sans le connaître d'avance. Cette supposition est indigne de Dieu.
L'homme n'ayant pas créé son
âme, n'a pas le pouvoir de la détruire. Le Créateur
a appelé à l'existence chaque créature pour un but
spécial. L'homme ne pouvant pas et Dieu ne voulant pas détruire
l'étincelle divine qui est en sa créature, nécessairement
à un moment donné, le but pour lequel l'homme a été
créé sera atteint. Malgré des détours nombreux
et bien des égarements. l'homme reviendra finalement à Celui
à l'image duquel il a été formé, car la destination
filiale de l'homme est la vie avec Dieu.
Giseler a dit au sujet de cette étincelle
divine : « Cette étincelle a été mise dans l'âme
de chaque homme. C'est pour eux une lumière destinée à
les éloigner du mal, à les guider au contraire dans le chemin
de la vertu qui va à la source d'où ils sont sortis. »
Comme les corps vivent par le moyen de l'âme, ainsi les âmes
vivent par Dieu. « Quand j'aurai été élevé
au-dessus de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi »
(Jean XII, 32).
Puisque Dieu a créé l'homme afin
qu'il jouisse de Sa communion, l'homme ne peut pas rester éternellement
séparé de Lui.
CHAPITRE X
Morale et beauté
1. Dieu est le fondement de toute morale, car
il est la source de tout bien. Sans Dieu, la vie morale ressemble à
une pierre qui peut être très belle, mais qui n'en est pas
moins froide et inanimée. Seul l'homme qui reste en communion ininterrompue
avec Dieu peut progresser dans le bien et la vérité qui confèrent
à son âme sa vraie beauté. Celui qui ne place pas sa
confiance en Dieu ressemble à l'un de ces bancs de sable mouvants
qui se trouvent ici un jour, là un autre jour, toujours à
la merci des vents et de la violence de la tempête qui les met en
mouvement, ne leur permettant pas de se fixer et de demeurer dans un lieu.
2. En vivant en la présence de Dieu,
en apprenant à Le connaître, nous apprenons également
à connaître notre nature et notre être. Privés
de cette expérience nous demeurons dans l'ignorance de notre vrai
moi. Le philosophe chinois Chuang Tou a dit: « je rêvais une
fois que j'étais un papillon volant ici et là comme le font
les papillons. Tout à coup je me réveillai et je me retrouvai
moi-même. Maintenant j'ignore si j'étais bien un homme rêvant
qu'il était un papillon on si je suis en ce moment un papillon rêvant
qu'il est un homme. Mais alors pensez bien à ceci : Si un homme
n'a pas une connaissance sûre de ce qu'il est, comment sera-t-il
capable d'établir une distinction entre ce qui est bon et mauvais,
entre la vertu et le vice ?
3. Confucius a une étrange conception
de la justice et de la morale. Un des princes régnant se vantait
auprès de lui de la haute moralité qui régnait dans
son état. « Chez nous, disait-il, vous trouverez des hommes
intègres et droits. S'il arrivait, par exemple à un père
de voler une brebis, son fils témoignerait contre lui. » Dans
la partie du pays où je vis, répondit Confucius, nous avons
une autre conception des choses. Un père cachera son fils et un
fils son père et c'est de cette manière que la justice est
établie. » Confucius a dit aussi
: « [un homme sans reproche à l'égard des grands principes
de la conduite humaine. peut être facilement excusé lorsqu'il
s'agit de fautes peu importantes. » Comparez à cela l'enseignement
du Christ qui a déclaré : « Celui qui est fidèle
dans les petites choses, l'est aussi dans les grandes et celui qui est
injuste dans les petites choses, l'est aussi dans les grandes » (Luc
XVI, 10). L'enseignement que Confucius a donné sous une forme négative
: « Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qui vous
fut fait », le Christ l'a donné sous forme affirmative : «
Tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent faites-le leur vous-même
d'abord » (Matthieu VII. 12). Il y a bien des actes qu'il n'est pas
possible de faire sans commettre de péchés, mais il y en
a tout autant qu'il n'est pas possible de laisser inaccomplis sans pécher.
Ainsi par exemple, en n'aimant pas le Seigneur notre Dieu de tout notre
coeur, de toute notre pensée et en n'aimant pas notre prochain comme
nous-mêmes, nous péchons.
4. La vraie beauté spirituelle ne se
trouve que dans l'amour illimitée, la gloire et la bonté
de Dieu. Mais comme Dieu est présent partout dans sa création,
son
active participation se manifeste dans différentes formes de
beauté physique. En d'autres termes, nous croyons pouvoir dire que
dans le monde, dans la Création, la beauté physique n'est
que le reflet ou l'image d'une beauté spirituelle intérieure
cachée. Emerson ne disait-il pas : « Tout ce qui apparaît
dans la nature correspond à un état d'esprit et cet état
d'esprit ne peut être décrit que par l'image qui se présente
à nous. » Carrit dit :« Elle (la beauté) est
le sel sans lequel la vie serait insipide. » Cette beauté
est en tous lieux la manifestation de la vérité et de la
bonté : dans une fleur ou dans un fruit, dans une montagne ou dans
un lac, dans la poésie ou dans la prose, dans la peinture, dans
la musique ou dans les bonnes oeuvres. Lorsque cette beauté réveille
des sentiments endormis ou comprimés en nous, nous pouvons jouir,
mais seulement dans les limites de notre capacité d'appréciation.
Comme les prophètes au moment où ils allaient se mettre à
prophétiser trouvaient dans la musique une source d'inspiration
qui leur aidait à révéler la vérité
(I Samuel X, 5 ; XVI, 23 ; II Rois III, 15), nous éprouvons que
la beauté de la musique dirige nos cSurs vers la vérité
et pousse à l'adoration ceux qui sont capables d'en ressentir les
effets.
5. Le rapport entre la morale et la beauté
est fondamental, car à la source de la morale et de la beauté
se trouve la vérité. C'est pourquoi ces deux choses se rencontrent
chez tous ceux qui possèdent la vérité. La beauté,
il est vrai, existe chez d'autres êtres animés et même
dans des choses inanimées. Or, si ces attributs ne se trouvent pas
chez l'homme qui est supérieur à toutes les autres créatures,
c'est qu'en réalité il est inférieur aux créatures
qui, par nature, lui sont inférieures, ainsi qu'aux choses inanimées.
La faute en est au péché qui a travaillé en l'homme
d'une manière invisible, avilissant sa vraie nature.
L'action des belles et bonnes vies de ceux qui aiment la Vérité
se fera sentir d'une manière visible ou invisible.
Un jour, me rendant au Tibet, je m'arrêtai
dans un village. Les gens n'ayant pas de grandes habitudes de propreté,
n'étaient pas lavés ; ils étaient très sales.
je remarquai un garçon qui m'examinait attentivement. Je le vis
étendre les mains pour les comparer aux miennes. il ne dit rien,
mais au bout de peu de temps, je le vis disparaître pour aller se
laver à un cours d'eau. Il revint et compara ses mains, lavées
cette fois, avec les miennes. Sans que je lui parle, ce garçon avait
été impressionné par la propreté de mes mains
et immédiatement le désir était né en lui d'avoir
aussi des mains propres. C'est ainsi que nos vies sanctifiées par
le contact de notre Père Céleste exercent une influence silencieuse
sur ceux qui nous entourent. Nous comprenons alors combien il est nécessaire
que nos vies reflètent les vertus et la gloire de notre Père
Céleste (Matthieu V, 16 ; I Pierre 11, 9).
CHAPITRE XI
Le royaume de Dieu
1. Le Seigneur a dit: « Aussi longtemps
qu'un homme n'est pas né de nouveau, il ne peut entrer dans le Royaume
de Dieu. » Laissons de côté l"expression « entrer
» pour affirmer qu'il ne peut pas même voir le Royaume de Dieu.
Les yeux de nos corps peuvent voir seulement les choses sous leur apparence
matérielle. Dieu est esprit, aussi pour Le voir, Lui et Son Royaume,
faut-il être né de l'Esprit (Jean III , 5, 6). Lorsqu'il en
sera ainsi, non seulement notre oeil Le verra, mais nous régnerons
nous aussi avec Lui.
Lorsqu'un homme se repent de ses péchés
et se tourne vers Dieu, c'est que l'Esprit de Dieu travaille en Lui, le
fait naître de nouveau et le transforme en une nouvelle créature,
de sorte qu'à ce moment et en lui commence le Royaume de Dieu ou
le Paradis. Christ dit au brigand sur la Croix : « Aujourd'hui tu
seras avec moi dans le Paradis » (Luc XXIII, 43). Cette parole montre
que le Seigneur avait une pleine connaissance du paradis et y jouissait
de l'autorité. Car Christ ne dit pas « peut-être qu'après
quelque temps tu seras avec moi au Paradis », Il ne dit pas non plus
: « J'irai tout d'abord afin d'obtenir la permission de Dieu et de
tout préparer pour vous », non, comme un propriétaire
parle avec autorité de son bien, Il donna cet encouragement au brigand
mourant et emmena ce premier fruit de son sacrifice avec Lui au paradis.
De Même, ceux qui sont crucifiés avec Lui au péché
et au monde sont, par là même, nés de nouveau. Ils
entrent au Paradis ou dans le Royaume de Dieu et leurs coeurs sont remplis
d'une joie et d'une paix merveilleuses. Des hommes de mentalité
mondaine ne peuvent ni « voir » la paix du Paradis, ni comprendre
ce que signifie cette nouvelle naissance ou ce royaume des Cieux.
2. Le Seigneur donne à chacun l'occasion
de se repentir, de naître de nouveau et d'entrer dans le Royaume
de Dieu. Il savait quelle sorte d'homme était Judas Iscariot et
comment il le trahirait. Cependant Il ne le traita pas durement. Au contraire,
Il lui donna la précieuse occasion de vivre avec Lui.Personne ne
peut lui reprocher de n'avoir pas offert une chance de salut à ce
pauvre homme. Mais Judas commit la folie de se pendre au lieu de se repentir
de son péché et de retourner à Christ. De nos jours,
beaucoup commettent le péché de Judas. Au lieu d'entrer au
paradis et dans le Royaume de Dieu, ils s'en vont en leur propre lieu et
sont punis, (Actes I, 25). « Son propre lieu » ou l'enfer,
veut dire les conditions dans lesquelles l'homme, par l'exercice de sa
propre volonté, désobéit à Dieu et crée
en Lui un état de souffrances. L'enfer n'est pas le nom d'un lieu
particulier, parce que si c'était un lieu particulier, Dieu, qui
est présent partout, serait également présent en enfer
et cela n'est pas possible. Mais l'enfer est un état qui n'existe
pas en Dieu. Le vrai adorateur qui vit dans une union spirituelle avec
Dieu est sauvé pour toujours du péché et des souffrances
qui lui sont inhérentes.
Partout où est Dieu, là est le
Ciel ou le Royaume de Dieu. Dieu étant partout, le Ciel est donc
partout. Sachant cela, ses vrais adorateurs sont heureux partout et dans
toutes les conditions : dans la souffrance, dans les ennuis, parmi leurs
amis ou parmi leurs ennemis dans ce monde ou dans le monde à venir.
Ils vivent en Dieu et Dieu vit en eux éternellement ; voilà
le Royaume de Dieu (Luc XVII, 20, 21).
Extérieurement, le pécheur peut
avoir l'apparence de vivre dans le bien-être et le luxe, mais il
n'arrivera jamais à se débarrasser de l'inquiétude
de son coeur. Même s'il pouvait entrer au ciel. le ciel ne serait
pas le ciel pur pour lui, car il porte l'enfer au-dedans de lui. Il ne
peut entrer dans le Royaume de Dieu que lorsque son coeur a été
changé, qu'il est né de nouveau.
3. Le Royaume de Dieu est le royaume de l'amour.
Un homme de Dieu eut une vision dans laquelle il se crut transporté
dans un pays étranger. Là, il fut profondément étonné
de voir les gens du pays sortir au-devant de lui pour lui souhaiter joyeusement
la bienvenue, comme s'il avait été un frère de l'absence
duquel ils souffraient, un être aimé qui revenait à
eux. Il entra avec eux dans la ville et vit de magnifiques demeures richement
et diversement meublées. Les propriétaires étaient
sortis et en avaient laissé les portes ouvertes. L'étranger
demanda aux gens qui l'accompagnaient comment de telles choses étaient
possibles, et ils lui répondirent : « Il n'y a pas de voleurs
ici. Tant que les habitants d'une ville ferment la porte de leur coeur
à Dieu il est nécessaire d'y fermer les portes des maisons.
Mais lorsque les gens ouvrent la porte de leur coeur à Dieu et qu'Il
y vit, il n'est plus nécessaire de fermer aucune porte. Où
le Royaume de Dieu est établi dans les coeurs, là est le
royaume de l'amour ; tous les membres se servent l'un l'autre dans l'amour
et veulent le bien les uns des autres. Il y avait une fois deux frères.
Le plus jeune apprit que son aîné avait besoin de certaines
choses. Il en prit une quantité et se mit en route pour la maison
de son frère, afin de la lui remettre. Or, la même pensée
monta à l'esprit du frère aîné qui, pensant
que certaines choses devaient manquer à son cadet, se mit en route
pour les lui porter. L'amour qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre
leur faisait découvrir les besoins l'un de l'autre et les obligeait
à se venir mutuellement en aide. Ils se rencontrèrent en
chemin et, touchés tous les deux par les marques de l'amour dont
chacun d'eux faisait preuve, ils s'embrassèrent dans la joie. C'est
de cette manière que nous devrions nous aimer les uns les autres
et nous aider mutuellement, cherchant le bien de nos semblables. »
L'étranger étant allé
un peu plus loin, vit un homme et un ange se rencontrer comme deux frères
et se mettre d'un commun accord à adorer le Christ, l'incarnation
de l'amour. Témoin de telles choses, le coeur de l'étranger
se remplit d'un amour indicible et d'une grande joie. Spontanément,
il s'écria : « C'est ici, sans aucun doute, le Royaume de
Dieu et notre vraie et éternelle patrie après laquelle le
coeur de l'homme soupire. » Bien que le ciel commence ici-bas dans
le coeur de l'homme, il continue au delà de notre existence terrestre,
dans cet état où il n'y a plus ni souffrances, ni douleurs,
ni mort, ni
larmes, mais une vie sans terme et une joie perpétuelle.
CHAPITRE XII
Service et sacrifice
1. Dieu est continuellement occupé à
créer et à maintenir Sa création (Jean V, 17). Son
activité ne cesse jamais. Nous en voyons la preuve dans la circulation
du sang et dans les fonctions respiratoires qui ne s'interrompent pas un
instant dans les créatures vivantes. Nous la voyons aussi dans la
nature. Dans l'air, dans l'eau, dans la terre, dans le soleil, dans les
étoiles, il existe un mouvement ordonné et continu qui concourt
à la réalisation des desseins de Dieu. Pourquoi devrions-nous,
nous qui sommes appelés enfants de Dieu, nous qui, en fait, sommes
supérieurs à tout le monde insensible, négliger et
avec légèreté la tâche spéciale que le
Créateur nous a confiée dans Sa grâce et Sa providence.
2. Satan ignore l'enthousiasme pour une cause
juste, sainte, mais il n'en agit pas moins sans relâche. Il est occupé,
jour et nuit, à fourvoyer les gens. Il est semblable au serpent
qui provoqua la chute d'Eve et qui, privé de pieds et de mains,
continue à ramper partout. Alors, si nous qui sommes les disciples
de la Vérité (du Christ), qui avons reçu notre mandat
de Dieu et la puissance de l'Esprit, nous négligeons notre saint
travail, nous sommes certainement inférieurs à Satan, plus
mauvais que lui et que le serpent (Ephés. VI, 10, 18). Ainsi veillons
et prions, puisons notre force en Dieu afin de vaincre Satan et le mal
et d'accomplir fidèlement et complètement la tâche
précise qui nous a été confiée (2 Tim. IV.
4-5; Jacques IV, 7).
3. Un Soufi ou mystique avait pris une certaine
quantité de blé avec lui au moment de partir en voyage. Après
plusieurs jours de marche, lorsqu'il ouvrit son sac. il y trouva quelques
fourmis. En les voyant il fut émus de compassion envers ces petites
créatures égarées loin de leur habitation et il s'assit
au bord du chemin pour réfléchir sur les moyens de leur venir
en aide. Il décida de retourner en arrière et rapporta ces
fourmis à l'endroit d'où elles étaient parties. Il
est possible de rencontrer un homme rempli de compassion envers de faibles
insectes. Mais pourquoi arrive-t-il que nous soyons si souvent dépourvus
de sympathie et de sentiments fraternels à l'égard d'hommes
créés à l'image de Dieu, mais égarés
comme l'enfant prodigue ou la brebis perdue? Certainement, notre devoir
est de les ramener dans le chemin de la justice qui conduit au home éternel
leur père.
Un jour que j'étais dans la montagne,
je remarquai une fourmi et me mis à l'observer. Découvrant
un petit grain, elle le toucha à peine et se remit aussitôt
en route. je pensai que ce grain n'était peut-être pas bon,
qu'il était amer. Mais non, au bout de très peu de temps
la fourmi revint accompagnée de plusieurs autres. Elle n'avait pas
voulu garder le grain pour elle seule, mais désirait le partager.
Les égoïstes devraient faire leur
profit de la leçon que nous donne cette fourmi. Ceux qui par une
vie de communion. avec Dieu ont été enrichis de toutes sortes
de bénédictions spirituelles devraient porter la parole de
Dieu à ceux qui n'ont pas entendu parler de Lui, afin qu'eux aussi
jouissent de la communion avec Dieu, de ses bénédictions
et de la joie éternelle.
4. On raconte qu'un jour un pauvre sculpteur
français venait de terminer une merveilleuse statue d'argile. La
nuit suivante fut terriblement froide et humide. Il eut peur pour son Suvre,
aussi se relevant, il prit ses couvertures, en enveloppa sa statue et se
recoucha. le lendemain matin, on trouva le sculpteur mort de froid, mais
son modèle était intact. S'il y a parmi nous des hommes capables
de donner leur vie pour sauver le travail de leurs mains et, bien plus,
de la donner pour des choses inanimées, à combien plus forte
raison ne devrions-nous pas être prêts à consacrer nos
vies au service des âmes vivantes que Dieu a créées
à Sa propre image (I Jean. III, 16).
5. Pour qu'un grain de sel communique sa saveur,
il faut le dissoudre. Il faut. le soleil pour fondre la neige de la montagne
et que l'eau se répande et irrigue les plaines desséchées
par le soleil. De même, si notre nature ne fond pas aux rayons du
soleil de justice et au feu du Saint-Esprit - ( je veux dire que si nous
ne sommes pas mis à l'épreuve par un esprit de sacrifice
et de don de nous-mêmes) - alors il nous est impossible d'étancher
la soif d'une âme angoissée et de la conduire à la
Source de la Vie, où elle trouverait le repos et la vie éternelle.
6. Nous ne pouvons servir le Créateur
et la créature sans rencontrer des difficultés et des tentations,
mais elles nous sont nécessaires pour progresser spirituellement.
Dans le monde, nul n'en est affranchi sur cette terre et celui qui ignore
la. tentation est « soit une bête, soit un dieu », ainsi
que, le déclare Aristote.
Les difficultés et les ennuis sont la croix que nous avons à
porter, mais en les supportant nous gagnons la vie et d'innombrables bénédictions.
Comme les oiseaux ont des ailes qui les portent, ainsi la Croix dont l'homme
est chargé le soulève et le porte sûrement au but.
7. Nous devons considérer la famille
et d'autres devoirs comme des obstacles utiles. Ceux qui ne le comprennent
pas, les regardent comme tout autant de fardeaux ou de barrières.
Angèle de Foligno se « félicitait » de la mort
de sa mère, de son mari et de ses enfants, parce qu'elle considérait
les membres de sa famille comme de « grands obstacles sur le chemin
de Dieu ». Nous croyons qu'en remplissant dans un esprit de sacrifice
tous nos devoirs envers les membres de nos familles, nous accomplissons
tout aussi bien la volonté de Dieu qu'en passant nos journées
dans la prière, le jeûne et les veilles.
L'expérience nous montre qu'en aidant
les autres à avancer, nous progressons nous-mêmes et parvenons
à un merveilleux contentement d'esprit ; ceci nous montre clairement
que nous soutenons d'intimes relations les uns avec les autres et que tout
progrès est basé sur l'entraide et le service mutuels. C'est
une des lois de notre existence et si nous nous conduisons en égoïstes,
nous et nos semblables trouverons moins de joie dans la vie et, grâce
aux conflits d'intérêts, nous nous détruirons mutuellement.
Prenons donc ce principe du service comme la règle de nos vies et
« dans l'amour servons-nous les uns les autres ». Sans esprit
de sacrifice, il est impossible de servir Dieu. Nous devrions nous en persuader,
ainsi que nous le disions dans le chapitre premier, afin que dans une vie
de sainte communion avec Dieu, assis à ses pieds, nous apprenions
à aimer. Alors seulement nous pourrons aimer et servir notre prochain
comme nous nous aimons nous-mêmes. En le faisant, nous accomplirons
la volonté de notre Créateur et Seigneur, nous remplirons
la destinée qu'Il nous a proposée et nous continuerons à
le faire éternellement.
- suite