Pardon et consolation à la croix
Jésus est l'agneau de Dieu qui ôte le péché
du monde Jn.1:29. Tout le monde ici le sait.
Mais qu'est-ce que cela veut dire au juste que Jésus
ôte le péché du monde?
Jean fait référence ici à Esaïe
53 qui décrit Jésus comme étant un agneau sur lequel
est transféré tous les péchés du monde, tous
les péchés du monde avec ses conséquences sur les
victimes du péché et les conséquences de ceux qui
ont commis les péchés; les victimes et les agresseurs.
Alors que nous mettons presque exclusivement l'emphase
sur le pardon accordé à l'agresseur, Ésaïe commence
plutôt, sous l'inspiration du Saint-Esprit consolateur, à
parler de la consolation apportée aux victimes du péché.
Jésus, l'agneau de Dieu qui ôte le
péché du monde est premièrement celui qui ôte
les conséquences du péché dans la vie des victimes.
Es.53:3 Méprisé et abandonné
des hommes, Homme de douleur et habitué à la souffrance,
Semblable à celui dont on détourne le visage, Nous l'avons
dédaigné, nous n'avons fait de lui aucun cas. 4 Cependant,
ce sont nos souffrances qu'il a portées, C'est de nos douleurs qu'il
s'est chargé; Et nous l'avons considéré comme puni,
Frappé de Dieu, et humilié. 5 Mais il était blessé
pour nos péchés, Brisé pour nos iniquités;
Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, Et
c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris.
Sur la croix, il a porté nos souffrances,
il s'est chargé de nos douleurs, tout ce dont nous avons été
victimes, les abus verbaux, physiques et sexuels, tout ce qui nous a fait
tant souffrir et qui nous a causé tant de douleur depuis notre naissance,
Jésus les a subi en lui sur la croix.
Ensuite seulement Ésaïe mentionne au
verset suivant que nos péchés ont blessé Jésus
et l'ont brisé, que le salaire que méritaient nos péchés,
Jésus l'a pris aussi sur lui.
Donc, ce qui vient en premier, ce ne sont pas les
péchés que nous avons commis, mais les péchés
qui ont été commis envers nous. La mort de Jésus à
la croix est premièrement et avant tout une oeuvre de consolation
du Consolateur qui a eu le coeur rempli de compassion pour toutes les victimes
du péché. Le St-Esprit, l'autre consolateur vient nous réconforter
dans nos blessures en nous amenant à la croix. Il nous fait monter
sur la croix avec Jésus, là nous sommes crucifiés
avec lui et nos blessures et nos souffrances deviennent littéralement
aussi les siennes. C'est ainsi que Jésus porte sur lui nos souffrances
et qu'il nous en soulage. Tout le mal qu'on nous fait, Jésus le
prend ainsi sur lui; il déclare: ce que vous faites au plus petit
d'entre mes frères c'est à moi que vous le faites. Mt.25:40
Ce qui vient en deuxième est indissociable
de ce qui vient en premier, car toute victime est aussi agresseur. Non
seulement nous subissons les conséquences des péchés
des autres dans notre vie mais nous infligeons aussi les conséquences
de nos péchés dans la vie des autres. Là c'est Es.53:5
qui s'applique à notre propre vie. Jésus vient prendre sur
lui non seulement les souffrances que nous ont infligées les péchés
des autres mais aussi la juste condamnation pour nos propres péchés.
Jésus vient donc ôter la conséquence
du péché chez la victime qui est l'agressé et la condamnation
du péché chez l'offenseur qui est l'agresseur. L'oeuvre de
la croix est complète et indivisible. Jésus qui console la
souffrance de la victime pour la délivrer des conséquences
du péché, pardonne aussi le péché de l'agresseur
pour le délivrer de l'esclavage de ses péchés. C'est
comme cela que Jésus ôte le péché du monde.
Si nous ne pouvons accepter que l'agresseur soit
pardonné nous ne recevrons pas non plus la consolation pour la souffrance
causée par son agression. C'est ce que Jésus illustre par
la parabole du mauvais serviteur. Celui-ci, par son refus de pardonner
à qui lui était en tort, s'est exposé à être
tourmenté par les torts (les bourreaux dans l'illustration) qu'il
a subi lui-même aux mains des autres, il n'a pu goûter à
la consolation et au pardon de Dieu.
Dieu punit celui qui refuse d'accorder le pardon
qui libère son agresseur de son péché en ne lui accordant
pas le pardon libérateur et la consolation qui l'accompagne, le
laissant ainsi être tourmenté par le péché de
son agresseur.
Celui qui est incapable de pardonner est aussi incapable
de recevoir le pardon de Dieu avec la consolation qui l'accompagne. Il
a beau dire qu'il croit être pardonné, il ne pourra être
guéri des conséquences du péché des autres
dans sa vie et celles-ci continueront à être ses bourreaux.
Dieu nous appelle donc à pardonner à ceux
qui ont péché envers nous pour nous rendre réceptifs
au pardon et à la consolation qu'il nous accorde en Jésus.
Nous pouvons faire cela en gardant à la pensée que Dieu est
le juste juge qui rendra à chacun selon ses oeuvres et traitera
chacun comme il le mérite.
Si Dieu t'accorde le pardon à toi qui a offensé
les autres, tu dois accepter aussi que Dieu pardonne à ceux qui
t'ont offensé, Dieu ne fait pas de distinction entre les personnes,
ton péché qui a blessé les autres est aussi grave
que le péché de celui qui t'a blessé. Aux yeux de
Dieu, celui qui a désobéi à un seul commandement se
rend coupable de tous, Ja.2:10-12.
Si donc tu souffres encore à cause des péchés
des autres, c'est que tu as besoin de venir à la croix et monter
sur elle pour les transférer sur Jésus et dire comme lui:
«Père, pardonne à ceux qui m'ont blessé par
leurs péchés, ils ne savent pas ce qu'ils font», cp.
Mt.27:46, Jn.8:32. Ensuite tu pourras goûter à la résurrection,
à la liberté d'une vie nouvelle, vraiment délivré
de l'esclavage qu'exerçait sur toi le péché Ap.1:5
par ton refus de pardonner.
Ça c'est pas quelque chose qui s'est passé
une fois pour toutes à notre conversion. Jésus l'applique
dans notre vie de tous les jours, dans nos interactions avec les autres
auxquels nous causons des torts par nos péchés et aux mains
desquels nous subissons des torts à cause de leurs péchés.
Nous avons donc besoin de venir à la croix chaque
fois que nous sommes offensés par le péché des autres
pour recevoir la consolation et la guérison et chaque fois que nous
avons offensé les autres par notre péché pour recevoir
le pardon et la réconciliation. La croix reste donc au centre de
la vie chrétienne, dans cette perspective, les paroles de Paul prend
tout son sens: «J'ai décidé parmi vous de ne rien savoir
d'autre chose que de Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié.»
1Co.2:2 «Pour ma part, jamais je ne vais me vanter de quoi que ce
soit, si ce n'est que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ
par qui le monde est crucifié pour moi comme je le suis pour le
monde» Ga.6:14
Nous avons aussi besoin de venir à la croix et
y monter chaque fois que nous sommes tentés par les convoitises
et les passions de notre chair. Paul déclare: Ceux qui sont unis
à Jésus-Christ crucifient le vieil homme, Ro.6:6 qui est
la chair avec ses passions et ses désirs Ga.5:24. Le contexte des
épîtres de Paul montre clairement que pour Paul, être
unis à Jésus-Christ, c'est s'unir à lui sur la croix
dans sa souffrance, sa mort et sa résurrection. Paul explique aux
Philippiens que cette union était le but de sa vie, qu'il voulait
expérimenter dans son union avec Jésus ses souffrances et
sa puissance de résurrection Ph.3:10.
Communier à ses souffrances c'est souffrir aussi
de la moquerie et du mépris des gens envers Jésus, c'est
avoir de la peine comme Dieu en a de voir les gens malades, indifférents,
blessés par le péché.
Jésus a souffert à cause des péchés
des hommes. Jésus souffre encore en voyant ses brebis blessées
ou endurcies par la séduction du péché.
Paul, qui cherchait à avoir les même sentiments
que Jésus, souffrait aussi quand il voyait les enfants de Dieu s'égarer,
on a qu'à penser avec quel douleur il écrit son épître
aux galates légalistes. Il continuait à souffrir pour l'église
de Jésus, pour sa croissance en maturité, il priait pour
elle, il l'encourageait. C'est cela, communier aux souffrances de Christ,
c'est ce qu'il veut dire d'après moi dans Col.1:24 "ce qui manque
aux souffrances de Christ pour son église, je l'achève en
mon corps. En grec le mot traduit par "achève" est traduit dans
le dictionnaire grec-français par "contrebalancer".
Paul n'achève pas les souffrances de Christ, mais
il les continue. Il contrebalance l'absence physique de Jésus sur
la terre par la présence de Jésus qui vit en lui et qui continue
à souffrir pour son église. Paul n'a pas achevé les
souffrances qui manquaient à Jésus, Pierre les a vécues
aussi, ces souffrances, Jean aussi, et tous ceux qui ont eu à coeur
l'église de Dieu au cours des siècles. Aujourd'hui aussi,
Jésus veut vivre par nous ses souffrances qu'il a pour ses brebis
jusqu'à ce qu'il soit formé pleinement en elles.
En communiant aux souffrances de Jésus, nous apprenons
à connaître le coeur intime de Jésus, ce qu'il ressent
pour son peuple meurtri par le péché. Mais ce n'est pas tout.
Quand on se met à avoir les mêmes préoccupations que
Jésus, Jésus libère en nous la puissance de sa résurrection.
C'est ce que Paul ajoute au verset suivant dans Ph.3:11.
C'est un avant-goût du monde à venir, maintenant
on ne connaît Jésus qu'en partie et on prophétise à
son sujet qu'en partie mais quand nous le verrons face à face, nous
le connaîtrons comme il nous a connu.
Comme je l'ai dit auparavant la puissance de la résurrection,
de la vie nouvelle, de la marche en nouveauté de vie avec un coeur
guéri de ses blessures et affranchi de l'emprise du péché
suit la souffrance unie avec Jésus sur la croix due à
nos propres péchés et à ceux des autres.
Jésus est monté volontairement sur la croix,
il en est de même pour nous, personne ne peut nous forcer à
y monter. L'amour de Dieu pour les hommes qui l'ont offensé a poussé
Jésus à monter sur la croix et c'est l'amour de Dieu pour
les hommes qui nous ont offensé qui nous poussera nous aussi à
y monter.
Disons que c'est un bon test pour déterminer si
l'amour de Dieu remplit notre coeur ou s'il ne remplit que nos paroles.
Petits enfants, n'aimons pas seulement en paroles et avec la langue mais
en actions et avec vérité 1Jn.3:18.
Jésus a dit: Quand je serai élevé
j'attirerai tous les hommes à moi Jn.12:32, tous, que tu sois l'agresseur,
que tu sois tenté d'agresser ou que tu sois agressé, Jésus
t'invite à monter avec lui sur la croix. Ta place est avec Jésus
sur la croix dans la mort et la résurrection, ainsi ce ne sera plus
toi qui vis mais Christ qui vit en toi, ainsi tu ne rejetteras pas la grâce
de Dieu pouvant te consoler et te pardonner, Ga.2:20-21.
La conversion ce n'est pas seulement accepter que Jésus
soit crucifié pour nous, c'est aussi accepter que nous soyons crucifié
avec lui. Car avant de naître de nouveau il faut premièrement
mourir, mourir à soi-même et à la vie mondaine pour
ensuite ressusciter à la vie nouvelle, et goûter à
la vie de Dieu, la vie éternelle.
Allez à la croix et y monter avec Jésus
c'est quelque chose que nous avons besoin de faire chaque fois que nous
commettons un péché ou qu'un péché est commis
contre nous. Nous devons faire comme Jésus qui a renoncé
à se venger lui-même en commandant une légion d'anges
à son secours mais qui a accepté volontairement de souffrir
aux mains des pécheurs pour leur montrer le vrai amour qui pousse
à la repentance. Jésus veut que nous lui apportons chaque
fois la souffrance que nous cause le péché des autres à
notre égard, il veut la prendre sur lui et nous consoler, il l'a
déjà porté sur la croix par anticipation, comme il
a porté la souffrance causée par tous les péchés
du monde entier de tout temps, même les péchés qui
ne sont pas encore commis! Juste de penser que quelques milliards de péchés
sont commis chaque jour! Ça fait tout un tas de péché!
comme son fardeau a dû être lourd à la croix pour que
le nôtre fusse léger!
Quand Paul dit qu'il a été crucifié
avec Christ, il ne parle pas seulement de son vieil homme, de sa chair
avec ses désirs et ses passions, il parle de son être entier,
avec ses émotions, ses désirs, sa volonté aussi, c'est
Jésus qu'il invite à venir vivre en lui, il pense comme lui
Ph.2:5, il souffre des mêmes choses que lui, il se réjouit
aussi des mêmes choses que lui, il veut les mêmes choses que
lui, ce n'est plus lui qui vit mais Christ qui vit en lui, il est mort
et sa vie est cachée en Christ, il ne vit plus pour lui-même
mais pour celui qui est ressuscité d'entre les morts, l'amour de
Christ le presse.
Cette nouvelle vie apporte une joie qui est le signe de
la résurrection, le fruit de l'Esprit qui fait qu'il est possible
en tout temps de se réjouir dans le Seigneur même au milieu
des souffrances, comme Paul le faisait en prison avec Silas.
2Co.1:3 Béni soit Dieu, le Père de notre
Seigneur Jésus-Christ, le Père des miséricordes et
le Dieu de toute consolation, 4 qui nous console dans toutes nos afflictions,
afin que, par la consolation dont nous sommes l'objet de la part de Dieu,
nous puissions consoler ceux qui se trouvent dans quelque affliction! 5
Car, de même que les souffrances de Christ abondent en nous, de même
notre consolation abonde par Christ.
Es.53:3 Méprisé et abandonné des
hommes, Homme de douleur et habitué à la souffrance, Semblable
à celui dont on détourne le visage, Nous l'avons dédaigné,
nous n'avons fait de lui aucun cas. 4 Cependant, ce sont nos souffrances
qu'il a portées, C'est de nos douleurs qu'il s'est chargé;
Et nous l'avons considéré comme puni, Frappé de Dieu,
et humilié. 5 Mais il était blessé pour nos péchés,
Brisé pour nos iniquités; Le châtiment qui nous donne
la paix est tombé sur lui, Et c'est par ses meurtrissures que nous
sommes guéris.
Pr.28:13 Celui qui avoue ses transgressions et les délaisse
obtient miséricorde.
- Yvan Rheault